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Dégustation à l'aveugle

De la pinte au bidon


























Premier Brit à remporter le Tour, quadruple champion olympique avec son titre sur contre-la-montre, ce « mod » issu de la classe populaire londonienne a un parcours hors norme, des pubs au maillot jaune en passant par la piste.
Wiggins au départ de la dernière étape du Tour à Rambouillet, 22 juillet 2012 (Lionel Bonaventure/AFP)
Beaucoup a été dit sur cette grande gigue née à Gand (Belgique) – son père y disputait une course –, « working class hero » de l’ouest de Londres – « a kid from Kilburn », comme il dit –, est un vrai Mod qui collectionne scooters et guitares – il a joué « Jumpin’ Jack Flash » au mariage de David Millar –, aime les bières belges – surtout la Delirium Tremens, qui l’en remercie – et connaît l’histoire de son sport comme peu.
Son idole d’enfance était Miguel Indurain. Il a gagné le Tour à la façon de l’Espagnol, écrasant les contre-la-montre au char Churchill et tenant en respect ses ennemis dans les cols avec une fine baïonnette, Chris Froome.
Mais Wiggins est un personnage complexe et individualiste – « J’aime beaucoup ma compagnie », dit-il– qui parle beaucoup plus qu’Indurain et beaucoup mieux que ses prédécesseurs. Parce qu’il dit ce qu’il pense. C’est rare dans ce milieu aseptisé qu’est devenu, lui aussi, le cyclisme.
La trajectoire de Wiggins est étonnante. Pas improbable, même si le doute est l’accessoire indispensable du journaliste sportif, comme la nappe à carreaux l’est du pique-niqueur des bords de Marne.
Voici comment l’échalas roux, aux pattes façon Paul Weller, s’est transformé en vainqueur du Tour.

Avant de faire son éducation au cyclisme professionnel en France, Bradley Wiggins avait montré son talent en remportant deux courses majeures chez les jeunes. Il était aussi champion du monde de poursuite juniors. Ses anciens directeurs sportifs assurent qu’il avait, selon l’expression consacrée, « un gros moteur ».
Wiggins a connu le vélo français à l’époque où il allait mal, entre 2002 et 2007, à la Française des Jeux, au Crédit Agricole et chez Cofidis.
Même si ces équipes l’ont laissé se consacrer à la piste – et de décrocher sur cette période trois médailles olympiques et trois titres mondiaux –, il n’en garde pas un très bon souvenir. Il appréciait la culture antidopage de ces équipes françaises, pas l’atmosphère de « petites cliques » : « Il faut se comporter d’une certaine manière ou l’on t’ostracise ».
A Nantes, dans son appartement au-dessus d’un restaurant chinois, Wiggins était éloigné de sa famille, mère et grand-père. Le papa cycliste, Gary, ayant quitté le foyer très tôt et coupé les ponts. Brad buvait beaucoup, quoique moins que son père alcoolique. Plus bière belge que cidre anglais, d’ailleurs.
« C’était un fêtard. Mais délicieux »






























Son rythme de vie était loin de la vie de moine qu’il mène aujourd’hui. Il « faisait le métier » quand il le voulait, à l’approche des compétitions sur piste. Le docteur Gérard Guillaume, de la Française des Jeux,
s’en souvient :
« Il y a sûrement des tas de choses qui se sont passées dans sa vie. Il a abandonné certaines habitudes qu’il avait en France et qui étaient des obstacles : c’était un fêtard. Mais c’est un garçon délicieux, sympathique. »
Wiggins buvait parfois pour se consoler des fins de mois difficiles de sa famille qu’il n’était pas encore en mesure d’aider. Il dit d’ailleurs que l’appât du gain a joué dans sa décision de se concentrer sur la route après les Jeux olympiques de Pékin (deux médailles d’or).
Dans le Guardian, en 2008, il expliquait son état d’esprit après les Jeux d’Athènes quatre ans plus tôt.
« Tous les lundi matin, je me réveillais et nous étions encore à découvert. Je pensais ’God, je n’ai vraiment pas envie de faire du vélo’. Il y avait un peu d’amertume que rien ne change (financièrement, Ndlr) malgré tout ce travail mais ça allait au-delà de ça. Je ne dis pas que j’ai fait une dépression nerveuse mais il y avait des passages de vraie déprime – et beaucoup d’alcool. »
Boire et lire le journal, seul au fond du pub
Wiggins aimait se pointer à l’ouverture du pub du coin et descendre une dizaine de pintes jusqu’au retour de sa femme, en fin de journée.
« J’étais content d’être assis seul au fond du bar, à lire le journal. J’ai toujours apprécié ma compagnie. (...)
J’attendais juste l’étincelle qui allait me réveiller. Je ne me suis jamais considéré comme un alcoolique. Je pouvais me dire ’Allez, objectif le championnat du monde de contre-la-montre’ et je ne buvais plus pendant six mois. Dès que quelque chose me motivait sur le vélo, je pouvais être l’athlète le plus impliqué du monde. »
Son penchant pour l’alcool et quelques accès de folie lui valent d’être surnommé « le hooligan “ par ses coéquipiers français. Logiquement, il récuse le rôle de modèle pour la société qu’on veut faire jouer aux sportifs de haut niveau, comme il l’a dit pendant le Tour :
‘Je fais des erreurs dans ma vie. Je ne suis pas ce fantastique modèle à suivre que tout le monde voudrait que je sois. Je sais faire du vélo et être performant dessus.’
Aujourd’hui, Wiggins assure qu’il ne touche pas à une goutte en saison.



























Source Rue 89